En tant qu’être rationnel, chaque éleveur cherche à maximiser son gain. Explicitement ou implicitement, plus ou moins consciemment, il se demande “quelle est l’utilité pour moi d’ajouter une bête de plus à mon troupeau ?” Cet utilité a une composante négative et une composante positive.

La composante positive est fonction de l’incrément d’une bête. Puisque l’éleveur reçoit tous les revenus de la vente de l’animal additionnel, l’utilité positive est presque +1.
La composante négative est fonction du surpâturage additionnel provoqué par la bête supplémentaire. Mais, comme les effets du surpâturage sont part- agés par tous les éleveurs, l’utilité négative pour chaque éleveur qui prend une décision est seulement une fraction de -1.

En ajoutant les utilités partielles individuelles, l’éleveur rationnel conclut que la seule voie sensée qu’il peut suivre est d’ajouter une autre bête à son troupeau. Et une autre; et une autre... Mais ceci est la conclusion atteinte par chaque berger rationnel partageant un terrain commun. C’est là que se trouve la tragédie. Chaque homme est enfermé dans un système qui le contraint à augmenter son troupeau sans limite - dans un monde qui est limité. La ruine est la destination vers laquelle tous les hommes se ruent, chacun à la poursuite de son propre meilleur intérêt dans une société qui croit en la liberté des communaux. La liberté dans les communaux apporte la ruine à tous.

Hardin, Garett: La Tragédie des Communaux (1953)

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